samedi 5 juin 2010

"Qu'as-tu appris?"

"Qu'as-tu appris cette année?".

Auprès de mes princesses du désert et de leurs sœurs blanches et de caractère, la question se fait plus pressante alors que j’assiste à leur lente et profonde métamorphose. Il y eut les pâleurs et les larmes mais aussi les plongeons successifs vers liberté et bonheur. Et soudain des cris de vie. Le souffle d’un vent sec et violent emporte craintes et doutes : je brûle.

A toi petite fille blessée qui vit en moi, à la jeune fille qui mourrait de n’être pour personne, j’ai grandi. Entremêlées, nous avançons vers ce que nul ne peut nous prendre, nous voguons vers cet étrange devenir que nous tentons de choisir. Un à un, je recolle les morceaux. Ce moi, celui que je croyais être, s’en est allé, éparpillé aux quatre vents. Tant pis.

Il y a plus d’un an je m’éveillais du long sommeil que l’on nomme résignation. J’ai rejoint les cris et découvert cette rage qui, je veux le croire, m’aura rendue plus humaine. J'ai dit non et me suis saoulée d'espérance. Ce fut un baptême de feu, la fin d’un univers, le début de l’ouverture. Je veux m’ouvrir à toi l’autre, toi qui m’es étranger et qui me dépasses. Mais il y a cette peur, une peur à en mourir. Tu pourrais partir : un instant, je t’en supplie, reste avec moi.

« Qu’as-tu appris cette année ? »:

Des heures à en parler avec l’une de mes sœurs d’adoption, à moquer celles que nous avions été. Non, ne rions plus ou avec douceur. C’était l’urgence, petite fille, l’urgence d’être autre. Pourtant, tu es encore là et, après des mois à avoir voulu t’enfouir sous mille pensées et obligations, à nouveau tu ris aux éclats. Grandir ne te fait pas mourir petite sauvage. Cours !

Aujourd’hui, c’est à nouveau l’été : un an est passé et tant de chaînes sont tombées. La nuit est là et je bois la douceur de la brise qui m’enveloppe. Sur le pont illuminé qui me mène vers ceux que j’aime, nait en moi ce sentiment de joie intense. Elle me donne cette conscience soudaine d’être vivante, heureuse, aimante et unique. Un bonheur à me tirer des larmes.

Peut être pourrait-on appeler cet élan soudain ressenti sur le pont « amour » ou « amitié ». Peut être, mais, il y a quelque temps déjà, un jeune homme plus sage que moi disait: « les mots ne sont que des étiquettes ». Ces simples mots, si souvent utilisés, ne peuvent dire le caractère unique de mon sentiment, sa force, la joie et la paix immense qui en découlent. Et nous n'avons qu'eux.

La jeune fille qui meurt d'être un jour abandonnée ne peut nommer ses sentiments. Elle use de l'euphémisme, elle ne fait que croire. La femme en devenir aime jusqu'au bout, sans attentes, sans peur de saigner. Elle aime ce qui l'entoure, la vie surtout. J'avance.

« Qu'as-tu appris cette année? ».

J'ai appris la solitude. J'ai accepté, qu'à chaque instant -du banal à l'ultime- nous sommes toujours seuls. C'est une étrange impression qui ne saurait être angoissante: nos bulles sont voisines.
Face aux choix, face à la responsabilité de ma vie, à la toute fin, il n'y a plus que moi. Moi qui peut partager à l'autre et l'autre qui ne doit oublier l'étendue du mystère que je représente. Et inversement.

Oui, j'ai appris cette année. Peut être plus que jamais. Et qu'aurais-je été sans cette précieuse constellation qui m'entoure? Ils sont là, chacun. À la croisée des chemins, enfin, malgré la cérémonie des « au revoir », j'ai confiance. En eux, en moi et en nous. Ils se reconnaîtront.

2 commentaires:

  1. Je sourie en te lisant, je suis émue.

    Je crois aussi que le mot solitude a été trop mal étiqueté. Nous sommes cloisonnés par les frontières de notre corps, par l'espace ; c'est social en fin de compte. Mais il suffit d'un rire ou de quelques mots comme ceux que tu as écrit pour que les barrières tombent et que les liens se tissent ou se renforcent. Un coucher de soleil au dessus de Lyon pour que je me sente faire partie d'un tout, d'une constellation sans même qu'il me soit difficile de me séparer de vous quelques minutes plus tard. Alors je ne sais pas si l'on est toujours seul. C'est comme si mon être était séparé en deux, l'un toujours seul et l'autre toujours rattaché au reste du monde.

    (Et c'est au moment du départ que je vous aime plus que jamais.)


    Bienvenue à toi, princesse blanche du bonheur !

    RépondreSupprimer
  2. C'est un peu un genre de déclaration, à laquelle je ne pourrais répondre sans être ridicule, les déclarations (d'amour ou d'autre chose!!!) n'étant pas mon fort. Tant pis ! Chacun de tes jours doit être le premier jour du reste de ta vie ! Et ces derniers mois, chacun de tes jours était aussi le premier jour du reste de ma vie à moi ... Malgré le caracatère dangereux des sentiments, je me sens bientôt prête à prendre le risque ! Oublions les étiquettes, les mots, gardons les regards et les émotions ...
    L'été sera beau malgré l'absence, que nous ferons force Petite Sauvage ! Tu es là, je suis là, nous serons là ...

    RépondreSupprimer